Tes multiples ruminations me font tellement penser à mon cerveau répétitif. Je connais plusieurs trucs pour me sentir mieux, et ils fonctionnent merveilleusement. Ils demandent des efforts soutenus. Il est certain que lorsque pour des raisons gênantes je me met moi-même échec et mat, tout est déjà calculé: rien de rien ne fonctionnera, et crois-moi, la seule issue possible pour ma carcasse dénaturée et souffrante est bien de supprimer ma vie.
Ce qui me donne le goût de t'écrire, est cet évident problème de focus qui transparait dans tes posts. Entre autres, dans ton dernier, tu répètes encore combien tu dois être lassante. Je suis d'accord. Oui tu l'est probablement, comme tu le mentionne, pour les gens qui s'attendent à faire du social dans les codes standards. Ici, tu ne lassera jamais personne, sinon toi. N'est-ce pas un des points que tu pourrais considérer comme gagné?
J'ai été élevé par une mère hypoglycémique, qui mesurait tout au gramme près, pendant que mes amis se gavaient de beurre de pinottes kraft et autres caramels. Maintenant que j'ai vieilli, je constate que tous ces symptômes étaient vrais. Pourtant, ils sont disparus doucement de sa vie, alors que son cerveau s'est déprogrammé pour être attiré par autre chose... Dans mes mots, j'appelle ça le syndrôme Kim Thuy, cette jolie Asiatique, personnalité publique Qcoise, qui est nous arrivée du Viet-nam. De son propre aveu, elle raconte que ses allergies aux poissons et crustacés sont disparus comme par enchantement lorsqu'elle n'avait aucun autre choix, en transition avec rien d'autre à manger, sur une île entre le Canada et son pays dévasté par la guerre.
Des centaines de cas similaires sont rapportés par les victimes des camps de concentration lors de l'holocauste. Le cerveau humain est d'une plasticité étonnante. Je suis certain que tu as déjà vu des reportages sur des gens qui ont sû gérer des handicaps étonnants... L'ouïe des aveugles qui s'est adaptée pour entendre en 3 dimensions... des exemples inspirants pour tous, qui sont là pour chacun de nous. Ah... c'est vrai, il faut être résilient. Eh bien sache que bien que tu crois le contraire, chacune de tes cellules nie cette croyance. En plus, le handicap que tu vis prouve combien tu es forte. La faiblesse d'après moi n'est pas de baisser les bras, mais bien de les laisser baissés. Chaque jour, je fais ce choix. La mort me guette, elle peut attendre. C'est notre lot à tous. Tu veux être mieux, c'est compréhensible, la souffrance est terrible, impitoyable. Tu veux une vie idéale ben ça c'est l'enfer. Des relations idéales, une santé idéale, c'est bien ça qui paralyse. Profites de ton jardin (cerveau) intérieur durant le temps qui t'es alloué. Y a que ça de vrai. Cultives y la force, la rébellion. Le penchant naturel pessimiste n'est pas le propre de la vie. Pour que tes cellules vivent, elles doivent lutter. pour respirer, on doit agir. C'est ainsi que le prochain effort devient plus facile, jusqu'au prochain but. L'évolution s'est ainsi peaufinée, tu es une magnifique machine qui ne connait plus que l'envie d'abandonner. Je connais ce ramollissement, qui me laisse amorphe, atrophié et encore plus déprimé qu'avant... Le meilleur est de commencer doucement, sinon certains foncent, se mettent sens dessus dessous pour relancer le tout. Le marasme, il est réel. La guérison passe par du neuf, un renouveau. Il est important de remeubler notre jardin, notre champ lexical. Pour ce faire, on doit oeuvrer dans la douleur encore un certain temps, en réévaluant chacun de nos gestes, de nos pensées.
Il faut comprendre que je ne suis pas guéri. Je cherche et trouve désormais des espaces temps moins douloureux, grâce entre autres à ce forum très instructif et rempli de compassion. J'espère vraiment (ouioui, l'espoir) allonger ces moments d'apaisement, puisque moi-aussi rapidement je m'enfonce dans le pessimisme lorsque je vis des crises. Si tu savais à quel point j'ai foutu ma vie en en l'air, en plus je m'en sens responsable. Fils unique, j'ai toujours désiré un ami qui saurait me comprendre... c'est arrivé... et je me suis arrangé pour bien les chasser malgré moi. Super encourageant! Alors la culpabilité de vivre ces patterns ne donne aucunement le désir d'essayer d'être en société, quand on voit bien les erreurs commises qui se répètent sans cesse... Pourtant, la vie commande de modifier un brin l'angle d'attaque, de s'essuyer et de recommencer. Le repos a une grande valeur, l'action est son corollaire. Cette dynamique renforce le geste à venir, je te souhaite de goûter à nouveau ce fait incontournable de notre éphémère existence.
Je te remercie de partager avec nous, tes messages sont d'une limpidité qui donnent envie de communiquer. J'espère ne pas t'avoir choquée, à moins que ça ne t'aide.

Tisane tilleul et dodo?